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Homere Aussie
6 avril 2010

Le désert, c'est Dieu sans les hommes (Balzac)

{Port Augusta}

 

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Salut tout le monde

 

Aux dernières nouvelles, je partais pour Adelaïde après la fin des vendanges dans la Barossa Valley. Mais je ne vous avait rien dit sur mes prochains plans (faut garder un peu la surprise quand même). Je tenais absolument à faire une randonnée dans le Flinders Range NP, pour la bonne raison que ce parc national permet, comme le dit le bouquin, "de flirter avec l'outback sans se mettre en danger". A ma plus grande joie, Alex et Flo sont partants pour ce projet, et on va même plus loin, avec la visite de Coober Pedy, la fameuse ville troglodyte des mineurs d'opale. Le plan est le suivant : Je les rejoint à Port Augusta après avoir fini mes affaires à Adelaïde, on se débrouille pour poser leur van dans un endroit sûr, et je les emmène dans mon 4x4 pour la randonnée de trois jours. Après ça, on prend un "raccourci", l'Oodanata Track, une piste qui part de Maree, un peu au nord du Flinders Range NP, jusqu'à William Creek, non loin de Coober Peddy, en longeant la partie sud du lac Eyre. Le lac Eyre est le plus grand lac d'Australie, mais il est la plupart du temps à sec, ne laissant qu'une épaisse croute de sel qui s'étend sur des kilomètres. Enfin, après avoir visité Coober Peddy, on revient à Port Augusta pour que les gars récupèrent leur van. Voilà, sur le papier c'est beau, mais on est tous conscients que ça ne se passera pas comme ça. Ca ne se passe jamais comme sur le papier, et c'est ça qu'est marrant !

 

J'arrive donc le Mardi soir à Adelaïde, et me pose dans la ruelle de mon backpacker préféré où je ne paie jamais. Le Mercredi, la journée est bien remplie, j'écris et je pose mes annonces pour un lift dans tous les hôtels backpackers de la ville, ainsi que sur Internet. En effet, si je veux partir pour la côte ouest juste après le périple, il faut que je pose les annonces dès maintenant. Je glane aussi toutes les infos sur la randonnée (certaines parties sont fermées certains mois), achète la carte topographique et tente de résoudre un problème épineux : comme cette randonnée a un début et une fin, il nous faut un transport de la fin au début. Il y a bien une ferme qui propose ce service, mais elle demande 160$ pour le trajet. C'est bien trop cher pour nos petits portefeuilles de backpackers. Bref, je pars dans la journée pour Port Augusta, où j'arrive tard le soir retrouver Alex et Flo, et leur fait part des nouvelles, notemment du problème de transport. D'un commun accord, on décide de jouer le tout pour le tout, d'y aller avec le 4x4 quand même et de demander sur place si on veut bien nous emmener.

Le lendemain, on part faire les courses et chercher un auto-radio à deux sous, histoire d'avoir enfin de la musique. De casse en garage, on finit par tomber sur un garagiste (du type authentique) qui m'en vend un pour 50$. Puis on part pour Quorn, un petit village sur la route des Flinders Range, où les gars trouvent plus raisonnable de poser leur van. Mais depuis Port Augusta, je roule avec le frein à main sans m'en apercevoir. Du coup, une fois enlevé, ça ne freine plus du tout. Mais un punk mécano me répare ça en 10 min, ça avait juste déréglé la pompe. Ouf, on voyait déjà tout le plan tomber à l'eau. Et les gars ont aussi trouvé un caravan park qui accepte de garder leur van. Ca y est, on est reparti, tous dans le 4x4. A la tombée de la nuit, on s'arrête à un look-out non loin de l'entrée du parc. On se dépèche de monter en haut d'une petite colline. En effet, depuis qu'on est parti de Port Augusta, le paysage a changé radicalement : les montagnes sont rouges, et les buissons vert-jaunes s'étendent à perte de vue pendant que quelques arbrisseaux tout secs sans feuilles essayent maladroitement de prouver qu'ils sont encore vivants. Pour rien au monde on ne voudrait louper notre premier coucher de soleil dans l'ouback rouge. On prend quelques clichés quand tout à coup "CRACK...BOUNG !". Une grosse boule de poils qui tombait d'un des eucalyptus qui nous entourait venait de frôler Alex de quelques centimètres. Alex, qui par chance plutôt que par réflexe, se retournait à cet instant précis pour prendre une photo. Evidemment, on a tous fait un bond en arrière de surprise, nous laissant à peine le temps de voir la bête se relever, nous jeter un coup d'oeil avant de regrimper dans l'arbre avec une agilité déconcertante. On venait de voir un dropbear (ours tombeur). Ce marsupial, cousin du koala a une technique de chasse bien particulière qui consiste à se laisser tomber de son arbre pour assomer sa proie avant de la manger avec ses collègues. Inutile de vous préciser qu'on a pas trainé et qu'on est vite redescendu au 4x4. Après le dîner, on a même pu assister à un lever de lune. Puis la flemme de monter la tente l'a emporté, on a dormi sur la table, à la belle étoile.

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Après le coucher de soleil et le lever de lune, on ne pouvait pas louper le lever de soleil. Quelques splendides photos et un bon p'tit déj' plus tard, on partait pour Wilpena, le visitor centre et camping du parc. On commence à demander à droite à gauche si quelqu'un allait vers Parachilna Gorge, le point de départ de notre randonnée, mais on s'aperçois vite que ça ne va pas être facile. On prépare nos sacs et un panneau marqué Parachilna Gorge, puis on s'assoit à l'entrée du visitor center, en mode auto-stop de l'extrême. Après plusieurs heures on commence à désesperer. Mais là on rencontre deux québecquoises et un allemand bien décidés à faire de la randonnée. Echange de bons procédés : ils nous emmènent à Parachilna Gorge, on fait la rando tous ensemble, puis on les ramène à leur 4x4. On en revient pas de la "coincidence", merci les dieux des voyageurs ! Le soir, on est donc tous à Parachilna Gorge pour une nouvelle nuit à la belle étoile. Demain, la grande marche commence !

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 On est Samedi matin, mais les jours de la semaine n'ont aucune importance pour qui part marcher 3 jours dans le bush. Après un petit déjeuner frugal, on se met en route, tous motivés à bloc. Les mouches sont au rendez-vous, car qui dit Outback dit mouche, beaucoup de mouches. Le première journée s'effectue sur une propriété privé, en dehors du parc, et est plus monotone. Mais nous sommes tous ravis. On apprend à connaitre Marie-Eve, Maryline et Julian, nos nouveaux compères. On vera queques émeus, plusieurs kangourous, et toujours énormément de mouches. Le paysage est magnifique et la terre rouge comme sur les cartes postales ! A la fin de la journée, alors qu'on pénetre dans le parc national, on arrive à un look-out qui récompense généreusement nos efforts. Il y a aussi les ruines d'une ancienne ferme et l'aire de camping où on passera la nuit. La seule déception est que l'endroit est accessible par une route, et plusieurs badauds regardent avec étonnement nos énormes sacs. Après les sandwiches au thon et quelques parties de cartes, on s'endort sans difficultés.

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Le lendemain nous repartons, et peu après le départ une montée soutenue nous mène à un point culminant venteux mais magnifique. Puis le sentier nous emmène à travers des collines aux arbres rabougris. Ce sentier est déja beaucoup plus sympa, car étroit et valloné. On arrive à une grande rivière (toujours à sec, faut pas rêver) où on s'arrete pour le lunch. Ensuite on croise une autre route puis on rejoins une de ces pistes 4x4 qu'on commencera à détester : elles sont longues, droites et monotones. A la fin de la journée on arrive à Yanyanna Hut, un petit abri, notre étape de ce soir. On est tous fourbus, aujourd'hui était la plus grosse journée, on vient de parcourir 24km à pied et ça se sent. Le soir, on se pretera au jeu de Maryline, qui consiste à immaginer des nouvelles constellations. C'est très amusant et pas trop fatiguant, il suffit de s'allonger et de regarder les étoiles qui sont ici très nombreuses du fait de l'absence de pollution lumineuse. Puis on s'endort tous dans la petite cabane de fer rouillé.

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Le départ était beaucoup plus dur le jour suivant. Mais la première partie de la journée était très intéressante : un petit sentier étroit nous menait de look-out en look-out, slalomant entre les arbres et les roches. Bon, inévitablement, ça montait et ça descendait tout le temps, ce qui n'était pas du gout d'Alex qui commençait a en avoir sa claque. Mais c'était rigolo, jusqu'au moment où on a grimpé une sacré montagne pour s'apercevoir une fois en haut qu'on avais pris un mauvais chemin.On a retrouvé le sentier quelques kilomètres plus loin grâce à ma carte topographique. Mais après un dernier look-out, on a rejoint une de ces satanées pistes 4x4 interminables. Après une heure, que tout le monde en avait marre et pestait déjà sur cette piste, la cerise sur le gateau : il s'est mis à pleuvoir ! Oui, oui, pleuvoir... Le truc qui n'arrive jamais dans l'Outback vient de nous arriver à nous, après 50km de marche à pied, et bien évidement pas l'ombre d'un parapluie ou d'un K-Way dans nos sacs, pensez-vous ! Je vous avais déjà parlé de l'effet néfaste de la pluie sur mon humeur. Là, ce fût terrible. Et... la bretelle de mon sac qui pète ! J'arrive à improviser une réparation pour que ça tienne, puis accélère le pas, déchargant toute ma colère dans mes jambes toutes courbaturées, je double les autres à toute vitesse et liquide le sprint final tête baissée, sans m'arrêter et en marmonant dans ma barbe ("mougnougnou... météo de merde...mougnougnou... mieux fait de rester en Bretagne, j'aurai pris un ciré au moins...gnougnoug... outback sous la pluie ça pue du slip..."). Du coup, j'arrive avant les autres, ce qui me laisse le temps de leur préparer un petit gouter. Forcément, après un bon thé chaud et des pancakes au nutella (après 3 jours de sandwich au thon, j'vous dis pas...), le moral va mieux. Et on commence à ressentir la petite euphorie d'une fin de marche : t'es crevé, tous tes muscle te font mal, t'es crade plein de sueur et des ampoules plein les pieds, mais tu sais que t'as quand même parcouru 62 km à pied, et ça, c'est pas rien. Enfin, on a ramené les autres à leur 4x4, on a fait nos adieux et on est retourné dormir au look-out.

Du coup, on a annulé Coober Peddy, ce n'étais pas prudent avec la pluie (toutes les rivières asséchées se remplissent et bloquent la plupart des routes) et de toute manière, le désert sous la pluie, ce n'est pas ce qu'on était venu voir...

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