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Homere Aussie
18 avril 2010

La grande traversée d'Est en Ouest

{Albany}

 

Salut mes lecteurs

La dernière fois, je dormais au Mount Remarkable NP. Je pars pour Adelaide où j'arrive à midi. Une après-midi sur Internet et une amende de stationnement plus tard, je rencontre Ben, Will et Hugo, mes futurs covoitureurs pour la traversée de la Nullarbor Plain. Une fois mis d'accord sur les détails, on marque le départ pour le lendemain 8h. Pas manqué, on part le lendemain à... 9h30. On s'arrête vite fait à Port Augusta pour faire les courses, puis on continue un peu plus loin pour s'arreter sur une aire de repos pour la nuit. Le lendemain, on bifurque à Kyancutta pour emprunter une route non-goudronnée qui nous mène à Elliston. J'ai fait ce détour sur les conseils de David, l'australien de la Barossa valley, car il nous permet de voir le littoral ouest de la péninsule d'Eyre, beaucoup plus intéressant que la highway qui coupe par les terres. Peu après Elliston on arrive à un endroit avec des dunes immenses ! Je regrette un peu de ne pas avoir mon mode 4x4 pour m'amuser dedans. Mais ça ne nous a pas empeché de bien s'éclater à pied. Le jeu était simple, l'un de nous partait en reconnaissance, puis dessinait une flèche là où ça lui semblait "intéressant". Après, les autres courent aussi vite qu'ils peuvent vers la flèche...sans savoir ce qu'il y a derrière. Un fois qu'on avait bien du sable partout, jusqu'au caleçon, on est allé voir le grand trou soufleur, et juste à coté, des rochers où viennent s'éclater les vagues avec une grande violence, produisant des gerbes d'eau impressionantes. Après cela, on a continué à remonter la côte pour s'arrêter pour la nuit.

Le lendemain, on s'arrêtait faire des courses à Ceduna, dernière ville avant la plaine de Nullarbor. Puis on a roulé... Roulé toute la journée au milieu de ce ... rien ! Comme son nom l'indique, pas un seul arbre à l'horizon. Rien que le ciel qui bleuit, les buissons qui buissonent et cet interminable ruban de macadam qui se déroule sans s'arrêter. Bon, contrairement à ce que j'avais imaginé, ce n'est pas aussi "désert" que ce qu'on laisse entendre. Ce sont des centaines de véhicules, la plupart des 4x4 tractant une caravanne conduits par des sexagénaires, qui te disent bonjour entre chaque Road-House. Et nous on roule sans arrêt, et sans musique (les enceintes ont laché sur la route). On ne s'arrête que pour mmanger le midi, dormir le soir, et bien sûr remplir le réservoir. Le gasoil coûte horriblement cher (presque 2$ le litre, contre 1,10$ dans les grandes villes) et on est bien content de la couper à 30% avec l'huile de friture que m'a fourni David. Ce sera presque 150$ d'économisé.

A la tombée de la nuit, on passe la frontière entre le South Austalia et le Western Australia. Et on se croirait à la frontière mexicaine. Parce que le gouvernement australien fait tous les efforts du monde pour empêcher la propagation de pestes et autres maladies qui pourraient nuire à l'industrie agricole (de bananes, mangues et autres plantes pas du tout endémiques, sic !), il est strictement interdit de passer la frontière avec des fruits et légumes crus. Et donc ils mettent en place un contrôle rigoureux qui ressemble à s'y méprendre à une frontière classique, fouille du véhicule et terribles sanctions à la clef. Sauf qu'ils ne demandent pas si on transporte de la drogues ou des armes à feu, mais des oignons, du miel ou des oranges. Dans notre cas, la fouille sera vite baclée au vu du bordel que contenait la voiture. Mais la "douanière" insiste pour savoir si nous n'avons pas de miel avec nous, et me demande si j'utilise de la cire d'abeille sur mes dreadlocks. Je lui réponds qu'elles sont 100% naturelles, mais je l'interroge sur un ton de plaisanterie qu'est ce qu'il se serait passé si c'était le cas, ce à quoi elle me répond le plus sérieusement du monde qu'il fallait les couper ! Non mais ça va pas non ?! Et on campe quelques kilomètres plus loin en se demandant s'il n'y a pas un commando armé qui va surgir des buissons parce qu'on a fait passer une orange de contre-bande.

Le lendemain, on reprend la route de bon heure après avoir mangé les preuves. Rien de terriblement captivant, à par le tronçon de route rectiligne le plus long de toute l'Australie : 150km sans un seul petit virage ! Le soir, on a dépassé Norseman, la première vraie ville depuis 1200km et on campe un peu plus au Nord, en driection de Kalgoorlie. Kalgoorlie est LA ville minière par excellence, mais pas n'importe quel minerai, non, de l'OR ! C'est le centre nervalgique de la région, appellée simplement les "GoldFields" (les champs d'or). Mais si toutes les villes aux allentours sont passé de l'appelation "ville-champignon" à celui de "ville-fantôme" après la fin de la ruée vers l'or, Kalgoorlie est toujours la. Et c'est parcequ'elle exploite encore et toujours la plus grande réserve d'or mondiale connue à ce jour. Mais évidemment, l'or ne suffit pas, sa deuxième industrie est le tourisme. D'innombrables "tours" peuvent vous emmener voir les villes fantômes perdues dans le désert et découvrir la vie incroyable de ces chercheurs d'or bravant les conditions hostiles par avidité. Mais non, ce genre de truc ce n'est pas pour moi, ce qui nous intéresse nous, c'est de voir ces fameuses "skimpies", ces barwomans très peu vêtues qui font le plaisir des mineurs fraichement débauchés.

Le jour suivant nous débarquons à Kalgoorlie. Je tiens absolument à réparer ce fichu "free wheel hub" pour faire du 4x4. Alors après avoir cherché les adresses des casses aux alentours, je laisse à mes lifteurs le soin de se trouver un endroit où dormir le soir, car je serai certainement positif à l'alcool, et je pars de nouveau m'immerger dans le monde huileux et graisseux des mécanos. La première adresse se révèle en fait être un antiquaire de meubles usagés. Mon anglais n'est pas encore au top, ça se voit même sur google. Il y a un garage à proximité qui me renseigne mieux. Un peu plus tard, j'arrive à bon port, une vrai casse où les mecs sont occupés à démonter des moteurs pour sauver quelques pièces encore revendables. Le mec à qui je m'adresse a l'air de me trouver sympa, il me dégotte deux "free wheel hubs" en bon état pour la modique somme de 40$, me prète les outils pour que je puisse les changer moi-même. Un fois tout en place, je repère sur la carte qu'il y a un "lookout" sur le "Super Pit", une mine à proximité. Je vais y faire un saut. Sur le chemin, je vois une sorte de piste avec plein de bonnes petites bosses, j'en profite pour tester le mode 4x4. Pas de problèmes, ça roule !!! Alors je monte au fameux "lookout", et là je vois... nom d'un chien, un ENOOOORME trou où se baladent d'ENOOORMES camions. Je ne m'attarde pas trop et je rejoins les autres à un des "caravan parks" de la ville. Les prix ne sont vraiment pas cool, et ils me convainquent d'adopter la stratégie suivante : Hugo se dévouera et ne consommera pas d'alcool pour nous conduire hors de la ville à la fin de soirée et trouver un endroit où camper. Le problème est reglé, je leur propose d'aller voir ce fameux Super Pit. Cette fois on prend notre temps et des photos. Quand je disais que ce trou était énorme, je déconnais pas. Il fait plusieurs kilomètres carrés, presque autant que la propre ville Kalgoorlie-Boulder (Kalgoorlie et Boulder ont été unfiées en je sais plus combien). Et les gros camion qui ressemblent à des jouets sur les photos, voyez la taille par rapport à mon 4x4 ! Du coup j'ai pris le temps de lire les petits panneaux informatifs. Le lookout est sponsorisé par la compagnie minière qui exploite ce gros trou artificiel, donc c'est de la propagande pure et dure. J'apprendrai que c'est la plus grande mine à ciel ouvert du monde (et ils en sont fiers !), mais aussi qu'ils "respectent l'environnement" avec des programmes de réhabilitation des mines épuisées. Et ça, il faudra qu'ils m'expliquent sérieusement comment, aussi bons jardiniers qu'ils ont l'air d'être, ils arrivent à reboucher un trou pareil et que tout redevienne "comme avant" ! Ah, aussi il y avait la petite partie historique qui disait plus ou moins : "Un beau jour, Sir Demesdeux s'est dit : mais pourquoi, au lieu de creuser des trunnels comme des cons, avec tous les tracteurs de ouf qu'on a maintenant, on ne creuserait pas un trou énorme et on filtrerais tout ce qu'on en sort pour voir s'il n'y a pas de l'or dedans." Et c'est comme ça qu'est né le concept de mine à ciel ouvert. Génial ! Et la cerise sur le gateau : "Nous prenons en considérations les communautés indigènes (càd aborigènes d'Australie) et restons à leur écoute pour connaître leurs objectifs", avec une photo d'un aborigène souriant au volant d'un de ces énormes camions. Non, mais sans blague !! Mais putain, il y a des mecs qui viennent chez toi, qui flinguent ta mère et ton père pour bien te faire comprendre qu'ils comptent pas s'en aller, puis te filent une pelle pour les aider à creuser un gros trou dans ton beau jardin. Mais quels genre "d'objectifs" on peut avoir après ça, hein ?! Et pendant ce temps, les enfants des autres touristes jouent autour des grosses roues de camions démesurés, et je suis sur qu'ils auront les mêmes en miniature pour Noël. Excusez-moi, je sors un peu de mes gonds, mais, les amoureux du progrès me pardonneront, je pense que même le "Super Pit" ne sera pas assez grand pour contenir toute la connerie humaine.

Vers huit heures, après avoir mangé un bout et bu quelques bières dans la voiture, on se rend dans les fameux bars à skimpies. Au premier, on fait la grave erreur de s'assoir à une table. Les filles restent derrière le bar, on ne voit rien du tout. Un jug plus tard, on va dans le bar de l'autre coté de la rue. Cette fois, les deux skimpies de balladent un peu partout de manière beaucoup plus aguicheuse. Le principe est simple, plus les gens donnent d'argent, plus elles se mettent dans des positions suggestivess et plus elles se déshabillent, jusqu'à arriver aux seins nus. Un vieux moustachu au ricanement pervers donne billet sur billet et du coup bénéficie de toute leur attention. Nous, par contre, on attire les regards noirs des autres clients parcequ'on a pas donné un centime. Mais on est juste des touristes venus voir une attraction locale, des touristes français par dessus le marché, faut pas trop nous en demander non plus, hein ! On est tout de même resté jusqu'au seins nus, puis on est parti, en laissant un petit pourboire. L'ambiance devenait beaucoup trop perverse pour nous. On est retourné au premier bar, beaucoup moins "hot" (elles passent avec un jug pour récolter les "pourboires", puis enlèvent le petit haut, pour le remettre une demi-heure plus tard, et ainsi de suite). Quelques bières et une partie de billard avec un aborigène, puis l'alcool faisant son effet, j'ose demander directement à la skimpie de prendre une photo (elles sont habituellement prohibés). Elle accepte, et me voilà posant à coté de Elie, la serveuse en string corset rouge et noir (je garderai son contact, hehe !). Quelques discutions alcoolisées à la sorties du bar, notamment avec l'aborigène du billard, et nous voila de retour à la voiture. Hugo nous conduira hors de la ville et nous camperons non loin de l'entrée d'une des innombrables mines qui entourent la ville.

Le lendemain, on parcours les quelques dizaines de kilomètres qui nous séparent de Coolgardie, une ville presque fantôme de la ruée vers l'or. Les quelques habitants de cette ancienne grosse ville se voient à peine au milieu de ces immenses bâtiments qui bordent la rue principale tout aussi immense. Les rues sont vraiment très très larges (à peu près une 2x2 voies de chez nous), conçues pour faciliter la circulation des wagons de minerai tirés par des dromadaires. Après quelques courses dans la supérette miteuse de la ville, on s'engage sur la piste qui nous mène à Burra Rocks, un site que j'avais reperé sur mon bouquin de camping. Peu après, la piste devenait reservé aux 4x4, et c'est bien ça qui m'intéressait. Mais ça s'est révélé plutôt facile, c'est à dire décevant pour moi qui m'attendait à quelquechose de plus "challenging" (défi). Cependant, arrivé à Burra Rocks, on a grimpé sur cette coline, qui n'est en fait qu'un énorme monolithe de granit (un rocher d'une seule pièce), que les premiers mineurs ont aménagé rustiquement en énorme récupérateur d'eau de pluie, élément vital dans cette région semi-aride. On a aussi vu une grotte où vivaient des aborigènes autrefois, pas bien folichon non plus. Mais du haut de cette colline on pouvait se rendre compte de l'immensité vide qui nous entourait : des kilomètres et des kilomètres de terre déserte recouverte d'eucalyptus à perte de vue. Après ça, on est retourné sur la highway, non loin de Norseman où on a campé pour la nuit.

Le lendemain, on arrivait à Espérance. Un passage au Visitor Information, puis à la bibliothèque pour échanger les photos. Et peu après, on partait pour Cape Legrand NP, à Lucky Bay, qui se vante d'être la plus belle plage d'Australie. Je laisse mes lifteurs au camping attenant, et je pars sur une autre plage me consacrer un peu à mon carnet de voyage. Je sens déserpérément un besoin de solitude. Je prévois de rester dormir sur cette plage pour ne pas payer le camping, mais après une petite heure de sommeil, je me fais réveiller par le anger du parc. "Ok, maintenant tu est dans le WA, et il faut que tu payes les National Parks, pour cette fois c'est bon, je ne te colle pas d'amende, mais maintenant ta plaque est sur la "black list", et la prochaine fois on ne te fera pas de cadeau."   "Oui monsieur le ranger, biensur monsieur le ranger, je comprend bien monsieur le ranger" (le garde frontière ratisse la cote, bien étrange manière d'accueilir ses hôtes - Babylon Circus, La Caravane)

Le lendemain, je récupère les autres à Lucky Bay, et nous retournons à Esperance. C'est sur ce trajet là qu'on a fêté à grand cris, tenez vous bien, les 600.000 km de mon fier LandCruiser tout rouillé. A Esperance, je les dépose, achète un pass pour les National Parks qui m'a coûté horriblement cher, et pars dans la foulée pour Albany, plus précisément au Stirling Range National Park, qui abrite les plus hautes montagnes du WA. J'y resterait deux nuits (en toute légalité cette fois-ci), à écrire mon carnet, écouter la nature et visiter les monts du parc. Je comptais en escalader un, mais la brûme m'en dissuadera. Je suis seul et je me sens bien.

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